Des œuvres d’art contemporaines dans une basilique, voilà qui n’est pas banal ! L’artiste coréen Kim En Joong est sur le point d’achever la réalisation d’une série de trente-sept vitraux non figuratifs pour la basilique Saint-Julien, à Brioude, dans la Haute-Loire. Ils sont destinés à remplacer progressivement les anciens. Un choix étonnant pour un édifice religieux mais complètement assumé par la municipalité, comme en témoigne le maire, Jean-Jacques Faucher : « tous les édifices, qu’ils soient religieux ou pas, ont subi des transformations plus ou moins importantes au cours des siècles passés. Cette pose de vitraux est une évolution presque logique pour notre basilique » argumente-t-il.

Parmi les 50 candidatures reçues par la ville de Brioude pour réaliser les vitraux, celle de Kim En Joong a rapidement été retenue. Il faut dire qu’en tant que prêtre, l’artiste semblait tout indiqué pour effectuer ce travail. D’autant qu’il compte déjà un certain nombre de réalisations à son actif : les vitraux de la Cathédrale d’Evry, ceux de la Chapelle Bénodet en Bretagne, de l’église de Saint-Pierre-Aumaître d’Angoulême et, enfin, de la chapelle des Dominicaines de Dax.
A Brioude, Kim En Joong a souhaité créer « une ambiance propice à la méditation comparable à celle qui règne dans la cathédrale de Chartres ». Chaque vitrail est réalisé en l’hommage d’un saint. Dans la haute nef, par exemple, les quatre baies circulaires sont consacrées aux quatre évangélistes saint Mathieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean. « Avec les couleurs et les lignes, je voudrais que mon travail soit comme une fleur dans une forêt et un chant d’oiseau en montagne, pour que les visiteurs se sentent apaisés et soulagés. J’ai donc essayé de composer un univers pictural tout en simplicité et sobriété, tout en richesse intérieure, comme au temps des pièces grégoriennes » explique l’artiste.

Travail d’équipe

Kim En Joong travaille en étroite collaboration avec les ateliers Loire. L’entreprise, spécialisée dans la fabrication et la pose de vitraux, se charge de découper les morceaux de verre à la taille exacte des baies vitrées et de préparer les émaux (poudre de verre mélangée à des pigments). « Nous assistons le père Kim dans son travail. Nous lui apportons les connaissances techniques qui lui font parfois défaut » indique Bruno Loire, maître verrier.
Kim En Joong a mis au point sa propre technique de peinture sur verre inspirée de la calligraphie. Son travail est spectaculaire ! Il peint, tantôt debout tantôt accroupi, à l’aide d’un gigantesque pinceau gorgé d’eau. « J’ai parfois l’impression de pratiquer un art martial » confie l’intéressé. Après avoir dessiné un premier jet, le verre est ensuite introduit quatre à cinq fois dans un four chauffé à 670 °. Chaque phase de cuisson est ponctuée par une intervention de l’artiste : il rajoute, efface, gratte l’œuvre et va même parfois jusqu’à l’incliner lorsqu’il veut obtenir des dégoulinures. Pour finir, un film dépoli blanc est posé sur les baies afin d’empêcher une trop grande transparence avec l’extérieur.

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